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Sex Drugs & Rebetiko (rebetiko/Tlse) ô Pavion S, avril 2016
Sex Drugs & Rebetiko (rebetiko/Tlse) ô Pavion S, avril 2016
Sex Drugs & Rebetiko (rebetiko/Tlse) ô Pavion S, avril 2016

Sex drugs & rebetiko propose une interprétation libre de chansons populaires chantées en grec. Les musiciens du groupe ont, grâce à cette musique, pu donner une forme socialement et culturellement acceptable à leur goût immodéré pour les musiques tristes et lentes. Indigeste pour les spécialistes, fastidieux pour les novices, paralysant pour les danseurs, il faut souvent beaucoup de courage au public pour venir à bout de leurs interminables concerts. Pour garder intacte la tiédeur de ces moments, le groupe répète peu, et se présente souvent avec une formation inédite. Le groupe et le public partagent ainsi ensemble la surprise d’un étonnant moment d’étrange convivialité.

...Initialement formé en Seine St Denis sur les cendres d'un groupe punk de la scène underground parisienne, Sex Drugs & Rebetiko commence dès 2008 à faire entendre sa petite musique dans les endroits les plus improbables de la capitale, des squats jusqu'aux catacombes. Ils se voient proposer l'enregistrement d'un Split 33T avec les Louise Mitchels qui sort fin 2008. S'en suit un voyage à Athènes. Au gré des rencontres, le groupe s'étoffe considérablement et collabore avec des musiciens Crétois installés à Paris, ainsi qu'avec d'autres formations de rebetiko en France. Avec l'arrivée décisive de nouveaux musiciens, les possibilités instrumentales et les sources d'influences sont démultipliées, et la formation développe une façon très personnelle d'interpréter ces morceaux. Devant l'intérêt du public, Sex Drugs & Rebetiko multiplie les concerts en France et en Suisse (une centaine en trois ans), sur des scènes de toutes sortes.

Fin 2010, ils s' installent dans la région toulousaine, dans une formation à cinq, plus intimiste.

Le Rebetiko a une histoire. Celle des milieux prolétaires engendrés par la révolution industrielle dans les grands ports de l'Egée, de la continuité des musiques populaires de la région, et de leur évolution en milieu urbain. C'est celle des musiciens du Pirée et des faubourgs d'Athènes, mais également des réfugiés d'Asie mineure, d'Istanbul/Constantinople et de Smyrne/Izmir intellectuelle et cosmopolite, qui après les transferts de populations décidés entre la Grèce et la Turquie, en 1923, sont venus grossir les rangs de ceux qui nulle part ne sont chez eux. C'est l'histoire de leur rencontre et des mélanges de rythmes et de mélodies provenant de toute la Méditerranée orientale. C'est aussi l'histoire compliquée d'une musique subversive, censurée, persécutée qui est devenue de gré ou de force le coeur de l'âme grecque.

Le Rebetiko a une mythologie. Celle des bas-fonds, celle des fumeries de haschisch, celle d'hommes et de femmes durs, et de leur façon de vivre, celle des prisons et des instruments que l'on y construisait avec des bouts de ficelle. De ces chansons populaires émerge la figure mythique du mangkas - qu’il serait approprié de traduire par racaille -, affublé de son couteau, de son komboloï et de son bouzouki, et une danse, le zeybekiko, qui doit autant au pas du guerrier ottoman, qu’à la danse giratoire du derviche et à l’ivresse des drogues.

Sex Drugs & Rebetiko s'est centré sur le répertoire qui va de 1922 à 1936, la période qui va de l'arrivée des réfugiés d'Asie mineure à la dictature de Metaxas, qui voit d'abord la prééminance des instrumentations turques (santour, oud, qanun, violon), puis l'émergence du style piréote (bouzouki, tzoura, baglama, guitare), leur interaction, l'interdiction des lieux de musique et de consommation du haschisch, la chasse aux rebetes, et qui s'achève par la censure.

Les membres du groupe se sont identifiés aux problématiques rencontrées par les auteurs de ces chansons et les interprètent avec leur propres armes : le saz, le kaval (flute pastorale anatolienne), les percussions persanes et kurdes (tombak, daf), la clarinette, la clarinette basse, et le piano accompagnent les instruments de prédilection du rebetiko et une voix déchirante.

Pas facile de faire entrer le rebetiko dans les salles de concert. C'est ce qui est arrivé de pire à cette musique, après-guerre en Grèce, quand la bourgeoisie s'est piquée de musique dangereuse. Ce chant introspectif a besoin d'une ambiance épaisse, et basse de plafond. Il se danse seul, les yeux fermés tournés vers le sol, les bras écartés, sans presque bouger. Il se nourrit de sang, d'amours déçus, de taule et de fumée. On est pas là pour respirer, ni pour s'amuser. Sex Drugs & Rebetiko assume, et souhaite partager ce répertoire peu connu en dehors des cercles grecs avec ceux qui, comme nous, se reconnaissent pour des raisons diverses dans sa réalité, o dans son mythe.

Pour écouter

www.myspace.com/sexdrugsandrebetiko

Tag(s) : #live, #concert, #francais, #Toulouse, #2016, #folk
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